Et si les recruteurs ne posaient qu'une seule question, ce serait ... ?
Pour réussir une embauche, un recruteur a besoin de temps et de longs échanges. Mais quelles sont les questions les plus révélatrices sur un candidat ? S’il ne pouvait poser qu’une seule question, laquelle choisirait-il ? Cinq recruteurs se sont prêtés au jeu et partagent avec Keljob leur point de vue.
Pouvez-vous me parler de vous ?
« Cette question fait partie des grands classiques des entretiens de recrutement, concède Eric Hauptmann, ancien dirigeant d'un cabinet de recrutement , fondateur de Coach en recrutement et auteur du Guide du candidat recruté. Pour autant, elle fait partie de mes préférées car elle me permet de détecter les compétences, le degré de motivation et les centres d’intérêt du candidat que je reçois.
Elle me donne ainsi des premières pistes que je pourrais creuser durant la suite de l’entretien. Avant de répondre à cette question, le candidat a tout intérêt à demander au recruteur quel temps lui est imparti. Cela lui permettra de savoirs’il peut ou non entrer dans les détails.
L’idéal est de présenter son parcours en faisant un lien avec le poste brigué. Cela montre qu’on a compris le poste et son futur environnement de travail. A contrario, un candidat qui répond à cette question de manière déstructurée renvoie l’image de quelqu’un qui a du mal à synthétiser et qui n’a pas la culture du résultat. »
Quel est, pour vous, l'intérêt de ce poste ?
« En posant cette question, je m’assure que le candidat pourra s’épanouir dans le poste pour lequel je le reçois, explique Wilhelm Laligant, directeur général de Randstad Search & Selection. Le risque, c’est qu’il leconsidère comme un simple poste répondant à sa problématique de recherche. Et un candidat qui ne prend pas plaisir à travailler risque de ne pas donner toute la mesure de son potentiel ce qui, au final, n’est bénéfique ni pour lui, ni pour l’entreprise.
Poser cette question revient donc à faire œuvre de transparence et, dans certains cas, à éviter aux candidats de faire fausse route. Car lorsque se précisent, au fil de l'entretien, les conditions d'exercice du poste, certains prennent conscience que le poste pour lequel ils postulent n'est pas fait pour eux.»
Quel bilan faites-vous de votre précédente expérience ?
« Cette question me permet d’analyser la capacité du candidat à prendre du recul par rapport à son précédent poste et me donne la possibilité de mieux comprendre la logique de son parcours, explique Isabelle Néri, responsable recrutement groupe chez Gfi Informatique.
J’attends de lui qu’il m’explique les points forts sur lesquels il s’est appuyé lors de cette expérience et ses axes de progrès. Car, selon moi, se remettre en question est l’unique façon de s’améliorerprofessionnellement. Un candidat qui n’aurait pas réfléchi à cette question me laisse croire qu’il ne tire pas de bénéfices de ses expériences. C’est plutôt dommageable… Mais généralement, les candidats que je rencontre ont identifié leurs forces et leurs faiblesses. Les axes de progrès qui reviennent le plus fréquemment sont la communication ainsi que le management d’équipe, deux sujets intarissables.
L’idéal, pour le candidat, c’est de réussir à prouver qu’il a déjà commencé à travailler sur ses points faibles. Et pour le faire, il faut garder en tête que les faits valent mieux que les affirmations. »
Qu'est ce que votre entourage pense de vous ?
« Cette question me permet de savoir deux choses : l’appréciation que porte le candidat sur sa propre image et la manière dont il perçoit le regard des autres, résume Frédéric Cavalier, co-fondateur du cabinet de recrutement Lynks Partner.
En fonction de la réponse de mon interlocuteur, j’en apprends plus sur ses capacités à intégrer un environnement complexe, à manager une équipe, à gérer les imprévus… Cette question ouverte, que je pose généralement en fin d’entretien, me permet de vérifier si le candidat a effectué un travail de réflexion sur lui-même et s’il sait évaluer ses relations interpersonnelles.
Il faut faire preuve de maturité et veiller à ne pas répondre à cette question de manière trop banale en disant, par exemple, que votre entourage pense que vous êtes dynamique et rigoureux. Puisque la question est assez déstabilisante, il faut également contrôler ses gestes, son regard et sa diction. Bref, ne rien laisser au hasard. »
Comment vous voyez-vous dans cinq ans ?
« Par cette question, je cherche à savoir si le candidat est réaliste sur ses perspectives d’évolution ou s’il est plutôt opportuniste, explique Gaëlle Marre, Associate Director au sein de la société d’intérim OfficeTeam.
Un candidat qui n’aurait pas du tout les pieds sur terre peut me laisser penser qu’il est trop individualiste et qu’il aura des difficultés à travailler en équipe. Mieux vaut expliquer au recruteur son ambition et sa volonté d’évoluer sur un poste avec plus de responsabilités tout en précisant qu’on souhaite le faire après avoir acquis toutes les compétences nécessaires.
Quoiqu’il en soit, il faut rester dans la sphère professionnelle. Expliquer qu’on souhaite gagner au Loto ou vivre à l’étranger n’éclairera pas le recruteur. »
Article source : http://www.keljob.com/conseils-emploi/chercher-un-emploi/conseils-entretien-dembauche/si-les-recruteurs-ne-posaient-quune-seule-question-ce-serait.html
Aurélie Tachot © Keljob – 3 avril 2012